Le rôle de l'inhibition dans la dépendance et le "craving" à la nicotine

Nous savons que l'impulsivité joue un rôle important dans différents types d'addictions, notamment l'addiction à la nicotine dans laquelle l'urgence prédirait le « craving » (i.e. le désir intense de consommer et de ressentir les effets de la substance). Nous référant aux travaux de Bechara et Van der Linden (2005, voir aussi Gay et al., 2008) montrant qu'un haut niveau d'urgence est associé à des difficultés d'inhibition, le but de notre étude est d'explorer les relations entre les capacités d'inhibition de stimuli en lien ou non avec la consommation de tabac et le «craving». Nous postulons que les fumeurs ont plus de difficulté à inhiber leurs réponses lorsque des stimuli en lien avec le tabac sont présentés, en particulier si ces stimuli ont été évalués comme provoquant une haute activation émotionnelle (« arousal »). En effet, des études ont montré que l'arousal provoqué par des stimuli interférait avec les capacités d'inhibition. Nous nous attendons également à ce que de moins bonnes capacités d'inhibition soient associées à des épisodes de «craving» plus intenses. Nous avons fait passer des questionnaires (impulsivité, dépendance et «craving» à la nicotine) et une tâche de stop-signal (stop-signal task, Logan et al., 1997) utilisant des stimuli neutres ou liés à la consommation de cigarettes (provoquant beaucoup ou peu d'activation émotionnelle) à des fumeurs et des non-fumeurs. Nos résultats montrent que les fumeurs ont davantage de difficultés à inhiber des stimuli liés au tabac provoquant une haute activation, ce qui va dans le sens de notre hypothèse. Nous n'avons par contre pas retrouvé de corrélation entre les capacités d'inhibition et le «craving», cependant la taille de notre échantillon étant minime, il convient de tirer des conclusions avec prudence, les résultats pouvant être grandement influencés par certaines données plus extrêmes